Combien perçoit un buraliste sur un paquet de cigarettes ?

La vente de cigarettes, de prime abord, peut sembler être une activité lucrative. Mais la réalité économique pour les buralistes est bien différente. En France la vente de tabac est strictement encadrée à la fois sur le plan fiscal, réglementaire et commercial. Lorsqu'un consommateur achète un paquet de cigarettes, la grande majorité de la part revient à l'État. Les fabricants conservent leur marge, tandis que le buraliste ne touche qu'une toute petite fraction du prix de commercialisation. Alors, combien gagne un buraliste sur un paquet de cigarette ?

Quelle part du prix revient à l'État ?

En France, près de 80% du tarif est versé à l'État sous forme de taxes dont :

  • Les droits d'accise : taxe spécifique sur les produits du tabac, basée à la fois sur une part fixe et une part proportionnelle au montant.
  • La TVA 20% appliqués sur le TTC.

Par exemple, sur un paquet vendu à 11€, presque 8,80€ reviennent à l'administration. Ces taxes sont justifiées pour dissuader la consommation de cigarette, ce qui s'inscrit dans les politiques de la santé publique. D'autre part, elles servent aussi à financer la sécurité sociale, notamment l'assurance maladie. En 2023, les recettes fiscales issues du tabac représentaient environ 13 milliards d'euros. Cependant, ce chiffre ne cesse de baisser.

La hausse du prix du paquet de cigarettes a commencé en 2000 avec l'objectif de réduire l'achat et d'augmenter les bénéfices fiscaux du régime. Malheureusement, cette stratégie atteint aujourd'hui ses limites et a favorisé le marché noir.

Quelle part du prix revient à l'État ?

Comment les prix des cigarettes sont-ils fixés ?

Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les buralistes qui fixent le prix des cigarettes, mais ce sont les fabricants de tabac. Cependant, ces derniers n'ont pas le choix que d'augmenter les montants étant donné les taxes de plus en plus chères. De plus, le tarif final doit être validé par l'administration, c'est-à-dire de la Direction Générale des Douanes et Droits Indirects (DGDDI) avant sa mise en application.

La stratégie pour fixer la valeur dépend de plusieurs critères à part les taxes. Par exemple, une cigarette premium se vend plus cher qu'une cigarette d'entrée de gamme. L'ajustement du prix peut être utilisé par les industriels pour maintenir leurs marges, pour séduire certains consommateurs ou pour résister à la concurrence. C'est pour cela qu'une même marque peut proposer divers modèles à des coûts différents.

Voici un exemple de répartitions des profits sur un paquet vendu à 11 euros :

  • Pouvoir public : 8,80 €
  • Fabricants de tabac : 1,20 €
  • Buraliste : 0,90 €

Cela dit, le principal moteur de l'augmentation des montants reste la fiscalité. Les fabricants n'ont pas le choix que de répercuter les hausses des taxes sur le consommateur final. Ce qui veut dire que la hausse des prix ne concerne pas spécifiquement la volonté d'augmenter les bénéfices, mais plutôt de s'adapter à un environnement strict. Et le buraliste dans tout ce calcul ne perçoit toujours qu'une infime partie du butin. Par conséquent, même si les fabricants fixent le tarif "librement", ce sont bien les taxes imposées par les autorités qui structurent la grande majorité du prix final payé par le consommateur.

La baisse de la consommation a-t-elle un impact sur les buralistes ?

Oui, la baisse de la demande impacte beaucoup sur les buralistes. Depuis 2010, l'achat de tabac a diminué en crescendo en France, notamment chez les jeunes et les populations urbaines. Selon la santé publique, le pourcentage des fumeurs quotidiens est passé de 29% en 2010 à 24% en 2022. Une baisse résultant des campagnes de prévention, de la hausse des prix, de l'interdiction de fumée dans les lieux publics, mais aussi des nouveaux substituts, tels que la cigarette électronique et le patch. Sur le plan santé, c'est une bonne nouvelle, mais cela a une forte répercussion sur le chiffre d'affaires des commerçants. Il ne faut pas non plus oublier le développement du marché parallèle, tels que l'achat à l'étranger dont les tarifs sont moins chers, les ventes illégales dans la rue et sur internet. Le manque à gagner est double : pour le pouvoir public et pour les vendeurs.

La cigarette représente souvent jusqu'à 50 % du chiffre d'affaires d'un bureau de tabac. Moins de ventes, cela signifie une rémunération en baisse, d'autant que la marge du buraliste sur chaque paquet est fixe. Elle s'élève à environ 8,1 % de la cotation de vente, soit environ 0,90 € par paquet de 11 €. C'est pour cela que de plus en plus de débitants de tabac ont dû diversifier leur offre : café, services postaux, relais colis, jeux, presse, produits de vapotage, ainsi de suite.

La baisse de la consommation a-t-elle un impact sur les buralistes ?

Quels défis rencontrent les buralistes actuellement ?

Actuellement, les points de commercialisation font face à plusieurs défis :

  • La vente clandestine : selon les statistiques, la vente illégale de cigarettes est estimée à près de 30% de la demande nationale. Ce secteur parallèle est alimenté par la contrebande, les achats dans les pays voisins ou sur internet. Une concurrence déloyale pour les commerçants et qui impacte significativement sur leur rentabilité. Et la triste réalité, est que ce type de domaine ne cesse de s'étendre.
  • La baisse des recettes fiscales : moins de fumeurs et moins de ventes légales signifient moins de taxes dans la caisse du pays. À terme, cette baisse va impacter la redistribution sociale basée sur la taxation du tabac et le coût va augmenter encore et encore. Et tout cela va aggraver la situation des détaillants qui est de plus en plus en péril.
  • Des charges fixes élevées : les frais fixes des buralistes ne diminuent pas, même avec la baisse de la clientèle.

Quelles aides sont disponibles pour les buralistes ?

    1. Fonds de Transformation des Buralistes : mis en place par le pouvoir public en partenariat avec la Confédération des buralistes, ce fonds vise à aider les vendeurs à moderniser et diversifier leur activité.
      • Montant jusqu'à 33 000 € d'aides pour financer des travaux ou achats liés à la transformation du point de distribution.
      • Taux de subvention jusqu'à 50 % des dépenses éligibles, voire jusqu'à 60 % dans certaines zones rurales ou prioritaires.
      • Dépenses éligibles pour les travaux de rénovation ou d'aménagement, l'achat de mobilier ou d'équipements (bornes de services, vitrines, etc.), la création d'espaces de services diversifiés (presse, café, relais colis, services bancaires, etc.).
    2. Aides à la diversification d'activité : les exploitants peuvent élargir leur gamme de services pour compenser la perte de revenus liés au tabac :
      • Partenariats avec La Poste, FDJ, Western Union
      • Services de proximité : dépôt de pain, relais colis, paiement de proximité des impôts ou amendes
      • Bornes de recharge mobile, photocopieurs, distributeurs automatiques
    3. Accompagnement par la Confédération des buralistes
      • Conseil personnalisé pour monter un dossier de transformation
      • Accès à des formations via le centre de formation des buralistes (CFPB)
      • Outils de diagnostic pour évaluer la rentabilité du point de distribution et les opportunités de diversification
    4. Prêts ou aides des collectivités locales : certaines régions ou intercommunalités proposent des aides complémentaires pour les commerces de proximité, en particulier en zone rurale :
      • Subventions à la modernisation
      • Aides à la digitalisation
      • Soutien à la création d'activités annexes (épicerie, café, petite restauration, etc.)
    5. Soutien en cas de baisse d'activité
      • Aide financière temporaire : si la baisse de revenus devient critique, certains dispositifs de soutien ponctuel peuvent être sollicités auprès des URSSAF, du fisc ou via des dispositifs d'aide sociale aux travailleurs indépendants.
      • Régime micro-social : pour les très petites structures, il peut être opportun de se renseigner sur les dispositifs d'allégement de charges sociales.

Pour bénéficier de ces aides et subventions, contactez le conseiller transformation de la Confédération des buralistes de votre département. Réalisez un audit de point de commercialisation et montez un dossier de demande d'aide.

Quelles aides sont disponibles pour les buralistes ?

Questions fréquentes sur les buralistes et le tabac

Combien gagne un buraliste par paquet vendu ?

En moyenne, le buraliste perçoit environ 8,1 % du prix d'un paquet, soit environ 90 centimes pour un paquet à 11 €. Cette rémunération est fixe, quel que soit le tarif ou la marque.

Pourquoi l'État taxe-t-il autant le tabac ?

La taxation du tabac vise à réduire le volume consommé (objectif de santé publique) tout en finançant en partie la sécurité sociale.

Est-ce que les hausses de prix réduisent vraiment le tabagisme ?

Oui. Plusieurs études montrent que chaque augmentation de coût significative entraîne une baisse de l'usage, surtout chez les jeunes et les populations les plus modestes.

Le commerce illégal nuit-il vraiment aux débitants de tabac ?

Oui, fortement. Il représente une part importante de l'achat de tabac en France et prive les points de distribution de clients fidèles. On estime qu'environ 1 cigarette sur 3 fumée en France provient du circuit parallèle.

Les buralistes peuvent-ils vivre uniquement de la vente de cigarettes ?

De moins en moins. La diversification est désormais indispensable pour garantir la pérennité de leur activité. De nombreux petits commerçants vendent des jeux à gratter, des journaux, des boissons, des services postaux ou bancaires, ou encore des produits de la vape.

Le métier de buraliste évolue dans un contexte de plus en plus complexe. Il est pris entre les impératifs de santé publique, les contraintes fiscales, la concurrence du commerce illégal et la baisse de consommation. Et c'est lui l'acteur le plus touché dans ce secteur. Bien que leur rémunération directe sur les cigarettes reste faible, leur rôle social demeure essentiel dans de nombreuses communes. Les buralistes survivent difficilement, même si le soutien des pouvoirs publics existe.